Je n’ai pas vraiment parlé de mon domaine d’expertise professionnelle, pourtant le génie civil peut-être passionnant. C’est un élément très important de notre vie, l’un des plus vieux métiers du monde, presque la base, le commencement de toute civilisation.

Le monde tourne vite.

  • Un ordinateur est obsolète (au sens de la loi de Moore) au bout d’un an et demi (quoique ce ne soit actuellement plus aussi vrai).
  • L’industrie automobile tend a toujours plus d’efficacité (même si un moteur de voiture reste toujours aussi inefficace. Beaucoup d’améliorations viennent de l’allègement des structures et de l’informatique embarquée).

Mais la construction reste toujours sur des méthodes des années 60 !

  • On vibre le béton depuis 1930 environ.
  • On utilise le béton précontraint depuis 1960 environ, avec les bétons spéciaux et hautes performances.

Aujourd’hui, on utilise un peu de préfabrication, mais finalement, c’est les mêmes méthodes qu’en 1960…

Une perte technique

Dans certains cas, on utilise d’ailleurs plus des techniques pourtant assez sophistiquées et efficaces au plan matériel et énergétique, faute d’être économiquement rentables.

Les techniques utilisées tendent donc à la simplicité plutôt qu’à la sophistication.

Par exemple on utilise plus trop des planchers-champignons ou des poutres T préfabriquées pleine largeur. Pourquoi ?

Des planchers en éléments préfabriqués juxtaposés. Technique assez rare : trop soigneuse, même si rapide et efficace au plan matériel.

Parce qu’elles requièrent trop de temps de main d’oeuvre.
Aujourd’hui, la moitie du prix d’un bâtiment, c’est le coût du travail, et la moitié de ce même coût, c’est les cotisations sociales de l’employé. Ça se comprend, c’est comme ça qu’on finance une bonne part de notre système social.
Les salaires n’arrêtant pas d’augmenter, quand le prix des matières premières reste assez stable, la proportion du prix d’un bâtiment consacre au coût du travail devient de plus en plus important.

Les techniques utilisées doivent donc nécessiter peu de main d’œuvre et de temps de travail. Il vaut mieux un plancher épais, plutôt qu’un plancher à caissons.
Le plancher épais nécessite juste un coffrage rapide, qui plus est il peut être préfabriqué (prédalles), et le reste peut être coulé très rapidement et d’un seul coup.
Le plancher à caisson nécessite au contraire une assez longue mise en place, donc trop cher, malgré sa moindre consommation de matériau.

Récemment, quelqu’un a déclare au cours d’un séminaire auquel j’ai participé qu’il pourrait être intéressant de baisser la fiscalisation du travail et de compenser par une augmentation des taxes sur les matières premières.

L’objectif annoncé est ici d’encourager la réparation et la maintenance d’équipements (qui coûtent peu en ressources matérielles, mais nécessitent beaucoup de travail) plutôt que leur remplacement (qui au contraire coûte beaucoup en ressources primaires, mais peu en travail). Ce serait aussi une manière efficace de réduire nos déchets.

De la nouveauté ?

Au cours de ce séminaire auquel j’ai participé, il a été question de développement durable dans le domaine de la construction.
Il s’agit en fait d’une série de nouvelles méthodes de pensée, en même temps qu’une nouvelle organisation.

Le développement durable, les économies d’énergie imposent en effet de chercher à davantage utiliser les structures existantes, et, lorsqu’on construit en neuf, à garantir qu’on puisse réutiliser ces structures le plus facilement possible plus tard.

On commence à voir arriver de nouvelles techniques. Certains se proposent d’imprimer des maisons en 3D.

De quoi discuter et écrire ici prochainement.