Je n’ai pas écrit sur ce blog depuis mon arrivée à Hjortshøj. C’est logique : je n’avais rien à annoncer !

Mais tout d’un coup, en moins d’une semaine, tout a explosé !

J’ai reçu mon permis de résidence, réussi à avoir un appartement, à ouvrir un compte en banque, à me créer une identité numérique (NemID), à commencer des cours de danois, et je suis devenu la star du jour du club de tir à l’arc local !

Reprenons !

Le permis de résidence

J’ai demandé il y a quelques temps un permis de résidence, première étape pour obtenir un statut officiel au Danemark. J’ai reçu ce permis une dizaine de jours plus tard.
En soit, le permis de résidence n’est pas d’une grande utilité, car il est seulement un préliminaire à l’obtention du sésame danois absolu : le CPR !

Le CPR

Les danois ont parfaitement implémenté le concept de citoyenneté à deux vitesses / de seconde zone.

À la base, le CPR est un registre de l’état danois sur lesquels sont enregistrés tous ses citoyens. Ça semble un peu Big Brother. En réalité c’est pire que ça ! Le CPR c’est le registre de la sécurité sociale. Par extension et abus de langage, on donne au numéro attribué à chaque citoyen le nom de “numéro CPR” ou “CPR”. Ici, sans un CPR, pas de couverture maladie, pas de compte en banque (ou du moins, c’est très difficile !), pas d’emprunts dans les bibliothèques municipales, d’abonnement téléphonique, pas de contrat de location d’appartement…

Il se trouve que j’ai eu auparavant un CPR lors de mon séjour Erasmus à VIAUC/Horsens. Donc lors de ma demande de permis de résidence auprès du service des étrangers, j’ai indiqué être déjà dans le système. Et le numéro CPR s’est retrouvé indiqué sur le permis de résidence ! C’est pas beau ? Le miracle de la bureaucratie danoise !

J’ai donc pu louer un appartement et j’ai justement eu les clés ce vendredi 11 octobre. Soit deux mois après mon arrivée à Aarhus à deux jours près ! Pas mal en si peu de temps !

Jeudi dernier, je vais justement au service des étrangers - un point de rendez-vous spécialement dédié aux étrangers où toutes les administrations qu’ils ont intérêt à contacter disposent d’un bureau : administration régionale (pour demander un permis de résidence), communale (pour avoir le CPR et s’enregistrer sur les registres de la commune et bénéficier des soins médicaux adéquats), fisc et NemID.

Je me présente à ce service car j’attends toujours ma yellow card (carte d’assurance sociale qui est le support du CPR, puisque rappelez-vous, le CPR c’est le registre de la Sécu danoise).

On me dit que la carte est partie depuis quelques jours. Donc soit elle est en cours de fabrication (on me dit qu’elle est partie, mais c’est peut-être plus complexe que ça), soit elle doit passer des contrôles, ou être lentement acheminée par quelque processus obscur.

Mais on me dit alors que je peux demander un NemID, ce qui me permettra de bénéficier de certains services même si je n’ai pas la yellow card.

Le NemID

Le NemID c’est un système d’identité et d’authentification numérique hyper-blindé conçu pour permettre l’accès via le web aux maximum de services publics.

L’administrateur me donne une petite carte sur laquelle il y a des codes. Chaque fois que je suis sur un site web officiel, je peux m’authentifier ou prouver qui je suis grâce à cela : j’entre mon numéro CPR, le site génère un numéro qui existe sur ma carte, je rentre le code correspondant au numéro, et hop, je suis authentifié !

En combinant le CPR (qui indique qui vous êtes de façon unique) et le NemID (qui vous authentifie), les danois peuvent accéder à pleins de services :
Fisc, changement d’adresse (et donc demande d’une nouvelle yellow card), accès aux services communaux, demandes d’allocations familiales…

Au final, l’administrateur me dit que normalement, je peux ouvrir un compte bancaire grâce à ma nouvelle identité numérique, et me conseille d’effectuer mes modifications de coordonnées chez moi. “Play with” il dit !

Quand tu t’es créé un NemID.
Quand tu t’es créé un NemID.

Et c’est pas tout !

Le compte bancaire

Dans une grande et surprenante coopération entre état et entreprises privées, si j’ouvre un compte en banque, je peux donc faire mes opération grâce à mon CPR et mon NemID !

Je me suis rendu à plusieurs reprises à l’agence de Nordea située sur la rue principale de Aarhus pour demander à ouvrir un compte en banque. À chaque fois on m’a demandé ma yellow card (vous voyez comme c’est pernicieux : quand t’as pas le sésame, t’es bloqué coco !).
Le même jour où je me suis créé un NemID, je suis retourné à Nordea, plein d’espoir et de confiance grâce à l’officier m’ayant assuré de la possibilité d’ouvrir un compte.

Nordea n’a rien voulu savoir et je suis sorti de la banque furax, et je me suis dit que j’allais ouvrir un compte dans la première banque qui voudrait bien m’accepter sans yellow card, quitte à faire le tour de la ville pour ça !

On fait pas chier Stéphane longtemps, fut-il tout petit !

J’avais déjà une liste de banques, je marche cent mètres avec mon vélo et monte à la Merkur, une banque coopérative fortement engagée sur des financements écologiques, éoliens, solaires, très proche de mes valeurs donc.

Là, en cinq minutes et sans rendez-vous, j’explique mon cas.

L’agent de banque me répond très poliment qu’avec mon permis de résidence (comportant mon numéro CPR) et mon passeport, il pouvait très facilement m’ouvrir un compte en banque. Fuck Nordea ! Il me dit même que je pouvais avoir un compte sans CPR ( !!!! ) mais que c’est mieux avec !

Il m’explique aussi quels sont les documents que je dois signer et ce qu’ils signifient (documents contractuels bancaires, autorisation d’ouvrir un compte…).

Miracle du monde moderne, pas de papiers, juste une signature numérique en ligne ! Dès que je reviens chez moi, j’accède au site de la banque avec mon CPR et mon NemID, je télécharge les documents (quelle économie de papier ! Et quel poids en moins !) et je déclare que c’est bon pour moi ! Hop, me voila avec un compte en banque danois !

Et les cours de danois et le tir à l’arc ? Pour un prochain article !