Ilium, c’est la guerre de Troie. Celle racontée par Homere. Mais cette guerre qui s’est déroulée il y a de cela des milliers d’années sur la Terre a un cadre plus large : elle vient de Mars. Les dieux grecs se sont installés sur Olympus Mons, le plus haut volcan du système solaire, un trône royal pour le dieu des dieux, à l’ego sur-dimensionné, Zeus en personne.

Les dieux, ce sont des humains sur-évolués qui jouent, comme aux échecs, et dans ce jeu, les humains sont des pions que les dieux boostent à coups de nano-implants ou de manipulations quantiques pour changer la chance d’un individu.
Ainsi, Achille le sur-homme que sa mère a baigné dans les eaux du Styx a en fait 100 % de chances d’être tué par une flèche bien précise le frappant à une heure exacte à son talon ; mais il a donc 0% de chances que quoi que ce soit d’autre le blesse sérieusement. Facile de gagner tous ses combats avec ça !

Dans l’Iliade, Homere chante la beauté de la guerre à la grecque (!) : l’honneur, les superbes discours tellement travaillés qu’on a du mal à se convaincre qu’ils soient naturels…

Mais dans Ilium, Simmons montre aussi l’autre côté de la guerre : le côté incroyablement cru des soldats mais plus vivant : l’un des achéens insinue que si Ménélas avait eu une plus grosse b… , ou s’il avait sû s’en servir avec Hélène, la guerre n’aurait pas eu lieu ! Achille et Patrocle sont peut-être homos mais ils n’hésitent pas non plus à faire venir des putes gloussantes pour copuler ensemble, puis Patrocle ronfle bruyamment, affublé «d’une déviation de la cloison nasale». Lors d’un des discours d’Agammemnon, un de ses capitaines dira de lui qu’il a «chié du crotin carré».

Les dieux ont ressuscité des érudits, des lettrés des temps modernes, pour vérifier la concordance du déroulement de la guerre avec L’Iliade. Ils sont appelés scholiastes. Et l’un d’eux va utiliser les pouvoirs (les technologies) que lui ont confié les dieux pour prendre l’apparence de Pâris et coucher avec Hélène. Hélène, «les nichons qui ont déclenché la guerre», la plus belle femme du monde, ou du moins celle au nom de qui on a tué le plus de monde. Celle pour qui on a assiégé la plus grande ville du monde. Et Hélène qui dira :

une femme ne reconnaît peut-être pas l’odeur, la voix de son mari. Mais elle reconnaît toujours la façon dont son mari la baise

demandera au scholiaste de l’aider à changer le cours de la guerre.

Pendant ce temps, les dieux continuent de jouer et de se balancer des coups tordus en comparaison desquels la politique française ou la CIA font figure de jeu de société. Et ils ont beau être sur-évolués, ce sont toujours les mêmes ressorts qui les guident : sexe, pouvoir, violence…

Mais les jeux des dieux avec la physique quantique à une échelle cosmique inquiètent les Moravecs, des êtres biomécaniques envoyés au temps de la technologie autour de Jupiter et Saturne. Ils décident d’envoyer une expédition pour ramener les dieux à la raison… Et raison et dieux ne font pas bon ménage ! Les envoyés moravecs sont eux mêmes férus de littérature humaine et se demandent sans cesse se que dirait Shakespeare ou Proust dans telle ou telle situation…

Dans Ilium, vous aurez droit à un superbe cours de culture sur la Grèce antique, où les soldats ont davantage de jours fériés et chômés que l’employé occidental de base, où les gens accomplissent leurs actes jusqu’au bout, de toute leur âme, courant ainsi «le risque absolu de l’échec».
Vous aurez aussi une idée sur ce que peut devenir un monde où personne ne travaille car il y aura toujours un serviteur pour le faire à votre place. Vous aurez aussi une idée sur ce que pourrait donner internet dans cet univers post technologique : un réseau planétaire conscient omniscient totalement délirant…

Autres blogs qui parlent du livre :

http://www.fontenelle.org/olivier/archives/2008/08/29/ilium-de-dan-simmons/

http://moncoinlecture.over-blog.com/article-ilium-dan-simmons-78405947.html

http://www.cafardcosmique.com/Ilium-de-Dan-SIMMONS

http://little-read-planet.blogspot.com/2010/03/ilium-de-dan-simmons.html