Il y a quelques jours maintenant, Charlie Hebdo a été la cible d’un attentat. Je dirais plutôt un meurtre de masse, mais passons.

Je m’interroge en fait sur…

Comment est-ce possible que Charlie Hebdo ait pu être visé et surtout atteint ?

En effet, les journalistes étaient au courant qu’ils gênaient (après tout, c’était en quelque sorte leur métier de gratter là où ça démange).
Pourquoi, comment ont-ils pu croire qu’ils étaient en sécurité dans leurs locaux ?

C’est là qu’est ma question !

Penser stratégie, la jouer Guérilla

Avoir un local, c’est être fixe, donc (sur un plan stratégique) avoir une faiblesse.

Un local, ça se surveille, ça peut être piégé. Il peut y avoir des micros dans un local.

Et cette surveillance peut être aussi bien le fait du pouvoir en place, que vous gênez, que des étrangers / terroristes / gangsters que vous dénoncez aussi.

Avec la technologie actuelle, on peut organiser des conférences (de presse) en temps réel par ordinateurs. Les conférences peuvent également être organisées dans des lieux tiers et/ou anonymes.

Aujourd’hui, avoir un accès internet en Occident s’avère quand même assez facile.
Les bibliothèques publiques, les universités, les bars… presque tous ont des wifi en libre accès ou presque.
Bien sûr, le réseau sur lequel vous vous connectez n’étant pas sûr, c’est à vous de vous connecter de manière sécurisée (ipsec, chiffrement de bout en bout avec OTR, gpg, bitmessage, tls…).

Donc, le bureau, le local pour travailler ensemble devient tout de suite moins nécessaire !

Toujours possible de faire de l’espionnage, mais beaucoup plus difficile !

Oui, il s’agit bien de cela : appliquer des techniques de stratégie militaire et de guerilla au journalisme.

Des choses qui seront peu utiles au Monde ou au Nouvel Obs, mais peut-être plus à Charlie ou au Canard Enchaîné, plus subversif.

Au passage, la série Millénium, de Stieg Larssen, nous donne à réflechir aussi sur le sujet.

Je pense aussi n’être pas la personne la plus à-même de mener cette réflexion.
Je ne sais pas comment fonctionne un journal, quels sont ses mécanismes financiers ou son fonctionnement humain.
Pourtant c’est bien là la pensée qui m’a frappé quelques heures après le drâme !

Comment ont-ils pu laisser cela arriver ? C’était pourtant un peu évident, non ?

Augmenter sa sûreté, réduire sa surface d’attaque

Allons plus loin : il faut une adresse pour le journal ? Une boite postale ou une adresse prête-nom fera l’affaire.

Il faut des comptes en banque pour gérer les finances. Beaucoup de choses peuvent se faire par internet, sûrement avec un compte en Suisse ou au Luxembourg (pour l’Europe).

On peut aussi penser à utiliser bitcoin.

De même du site internet. Hop, un site chez OVH ou un autre prestataire sérieux, et quelques sites en backup.

Bien sûr, ça impose un certain sérieux et la suppression de quelques options (plus de commentaires mais plutôt un site quasi-statique comme Pelican, ce qui permet que le site soit difficile à craquer mais plus facile à maintenir et à garder synchrone entre les différents backups).

Plus léger, ça veut dire aussi plus simple, plus facile à gérer, moins cher.

Là on commence à voir la chose : le journal n’existe plus qu’en virtuel (ce qui n’empêche pas des rencontres physiques régulières comme dit au dessus). Plus de local, donc d’adresse à cibler. Et plus de local signifie aussi plus de loyer…

Les archives ? Tout stocké en informatique. Les papiers dans une cave chez des dirigeants du journal.

Vous voulez encore une édition papier ? Alors il faut imprimer dans au minimum trois imprimeries différentes.

Sans transition …

Autre réflexion : Les Guignols de l’Info, assez subversifs eux aussi, mais finalement partie d’une chaîne de TV, ne peuvent pas trop faire ça. Ils ont une infrastructure à payer, ils sont partie intégrante et institutionnalisé du PAF, ils ne peuvent se permettre d’être légers comme un journal texte/images.

Ou alors il faut changer radicalement le format. Rompre leurs chaînes (sic).

Et donc, n’est-ce pas plutôt eux qui devraient être la prochaine cible ?