Archers, je vous salue.
Ce matin, mon esprit impatient rejoue en boucle,
Une scène digne des plus grands films,
Cette scène, que seuls les archers comprendront,
Peut-être en apprécierez-vous l’intensité.
Je me tiens ici, droit, sur la ligne de tir, frontière du monde.
Là-bas, la cible attend son châtiment.
Je tourne l’arc, comme un violon de puissance,
La flèche frôle la corde, la fait vibrer.
D’un mouvement souple, je lève l’arc vers le ciel,
Commence la traction, ma main rejoint mon menton,
Mes lèvres embrassent la corde, le monde disparait.
Ma vision se concentre dans un tunnel d’espace devant moi, jusqu’à la cible.
Mon coude droit, unique point mobile dans l’univers,
Recule à une lenteur millimétrique.
La pointe de la fleche bouge sous la lame du cliqueur, se rapproche de l’instant fatidique.
C’est là !
Ma main, libérée de la tension de la corde,
S’envole vers le ciel.
La flèche vole et frappe la cible dans un étrange mélange de calme et de violence.
Dans ma main gauche, l’arc tombe, tourne comme un pendule suisse.
Je savoure l’instant, tel un maître zen.
Mon esprit se reveille, sort de sa transe.
Je me tiens ici, droit, sur la ligne de tir, frontière du monde.